Souvent, je me suis pris comme modèle. Pas vraiment par narcissisme
mais plutôt par disponibilité ! Et puis les emplois ridicules ou
infamants ne me dérangent pas, j'ai jamais eu beaucoup de
conscience... J'en fais toujours un peu trop, qu'on pourrait
me reprocher. C'est pas faux mais ça m'amuse de surjouer. |
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L'auteur : nous
formions une équipe de choc, capable de répondre à la demande dans
l'heure qui suivait...
Elle : Quelle consolation : moi pauvre victime
vouée à l’ombre et vous triomphant
dans la lumière ! -
Oh! Regardez dans le coin en haut et à gauche : les fonds étaient
faits avec des trames NORMATEX ou LETRASET, ces feuilles que l'on
frottait avec une petite spatule en métal. L'ordinateur a ruiné ce
commerce comme celui des lettres...
- Ne détournez pas la conversation car tant de
complaisances, c’est indigne. N'avez-vous jamais regretté que la
fonction féminine se résume, dans la plupart de vos petites
mascarades, à un effeuillage suivi d’une mort violente, administrée
par divers instruments de cuisine ou de jardinage?
- M’enfin! C’est comme au théâtre : personne ne
meurt pour de vrai. Ce sont des serments de mascarade et des larmes
imaginaires. Ainsi mes personnages regardent souvent le spectateur
comme pour lui souffler, en aparté : « Ne vous inquiétez pas : tout
ça, c’est une comédie : je reviendrai à la fin de la pièce pour
saluer le public ! » -
N’empêche que ce traitement réaliste, et qui est votre style,
trouble. Ma famille et mes amis disaient à votre sujet: « Dessiner
des assassinats, c’est pas un métier! »
- Cela me rappelle une scène dans « Entrée des
Artistes »… Louis Jouvet joue le rôle du professeur Lambertin. Il se
rend chez un ancien adjudant reconverti dans la blanchisserie,
Grenaison, et qui est le père d’une de des élèves, Isabelle.
Lambertin s’adresse tout d’abord à la tante de cette dernière :
« Les parents sont bien coupables qui ne
respectent plus les cheveux blonds ou bruns de la jeunesse. Cette
enfant est un sujet de premier ordre et vous n’avez pas le droit de
lui gâcher la vie sous le prétexte assez vain que vous lui tenez
lieu de mère en qualité de tante ! C’est une Amoureuse… »
« Comment? » – S’alarme Grenaison.
« Je parle de son emploi » – le rassure
Lambertin. «
Amoureuse, ce n’est pas un métier ! »
« Ah ! Parce que laver en famille le linge sale
des autres, vous appelez cela un métier ? Vous n’’êtes pas dégoûtés
!... » |
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- Je me souviens
que, profitant de ma situation d’épouse et abusant de ma candeur,
j’étais devenue le genre de modèle que l’on réveille en pleine nuit
en lui disant : « Venez donc faire un tour sous mes lampes FLOOD :
l’idée de ma prochaine illustration m’est soudain apparue ! » Et
cela ne pouvait pas attendre demain matin ? Je demandais toute
ensommeillée.
- Si, sans doute… Mais l’inspiration est
capricieuse et puisque je vous ai sous la main...
- Aie ! Mais vous me faites mal, espèce de
brute ! - Vous
romancez ! - Un
peu. Et vous, vous rappelez-vous de la première fois où vous me
fîtes interpréter un de vos personnages ?
- Là, et pour ainsi dire à brûle-pourpoint
: non ! - Ah, tout
de même: comme j’ai été sotte de m’abandonner, par dévouement
envers vous, à toutes les fantaisies qui vous traversaient
l’esprit. - Tout
cela n’avait rien de personnel, si cela peut vous consoler. Je
ne faisais que mettre en scène les situations que d’autres
avaient imaginées!
- Vous pouvez jurer que tout ce que vous
avez dessiné était bien contenu dans les romans?
- Non, je ne peux m’y engager formellement.
Je pense cependant que la situation était sous-entendue ou, du
moins, ne pouvait être complètement écartée ! - Et je ne
dirais pas sur le sort que vous me faisiez subir par ailleurs, une
épreuve qui allait à la fois contre ma morale et contre mes
pudeurs... |
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- Mon Dieu mais quelle horreur ! |