Certains affirment que l'heure bleue est le moment précieux où, alors que l’astre soleil bascule à l’horizon, le ciel se remplit presque entièrement d'un indigo particulier. L’arôme enivrant des fleurs serait à cet instant magique plus intense qu’à toute autre heure du jour.
C’est aussi, et bien sûr, un parfum de Jacques Guerlain qui, un soir d'été, ressent un trouble étrange. Il raconte : « Le soleil s’est couché, la nuit pourtant n’est pas tombée. C’est l’heure suspendue. L’heure où l’homme se trouve enfin en harmonie avec le monde de la lumière ». La légende, écrite sans doute par la Maison Guerlain elle-même, veut que, de cette émotion, naisse ce parfum contenu dans un précieux flacon de style art nouveau et surmonté d’un bouchon en forme de cœur évidé. C’est un parfum que l’on apprécie vraiment que plusieurs heures après qu’une femme ne s’en soit revêtue, lorsqu’il n’en reste que des effluves un peu passés…
Chambre 2046 (et même si monsieur Chow s'installe en fait dans la 2047, le temps d'une petite rénovation due au départ précipité de mademoiselle Lulu!) Le 2046 donc, ce lieu « où les souvenirs ne meurent jamais ».
- Est-ce que ton cœur est comme l’arc-en-ciel après la pluie ou bien l’arc-en-ciel est-il déjà éteint ?
- Je me souviens que, profitant de ma situation d’épouse et abusant de ma candeur, j’étais devenue le genre de modèle que l’on réveille en pleine nuit en lui disant : « Venez donc faire un tour sous mes lampes FLOOD : l’idée de ma prochaine illustration m’est soudain apparue ! » Et cela ne pouvait pas attendre demain matin ? Je demandais toute ensommeillée.
- Si, sans doute… Mais l’inspiration est capricieuse et puisque je vous ai sous la main...
- Aie ! Mais vous me faites mal, espèce de brute !
- Vous romancez !
- Un peu. Et vous, vous rappelez-vous de la première fois où vous me fîtes interpréter un de vos personnages ?
- Là, et pour ainsi dire à brûle-pourpoint : non !
- Ah, tout de même: comme j’ai été sotte de m’abandonner, par dévouement envers vous, à toutes les fantaisies qui vous traversaient l’esprit.
- Tout cela n’avait rien de personnel, si cela peut vous consoler. Je ne faisais que mettre en scène les situations que d’autres avaient imaginées!
- Vous pouvez jurer que tout ce que vous avez dessiné était bien contenu dans les romans?
- Non, je ne peux m’y engager formellement. Je pense cependant que la situation était sous-entendue ou, du moins, ne pouvait être complètement écartée !